Michel Onfray et Eric Zemmour Quant au qualificatif de «Zemmour de gauche», Michel Onfray ne semble pas vraiment s'en embarrasser: «Il est à la droite ce que je suis à la gauche et on est tous les deux un peu paria. » Néanmoins, ce qui les oppose est évident. Décrivant son attitude après la lecture du dernier livre d'Eric Zemmour, Destin français, Michel Onfray affirme: «Je sursaute à chaque page. Moi j'aime beaucoup le général De Gaulle, il ne l'aime pas beaucoup. Je déteste le Maréchal Pétain, il l'aime un peu. Il parle de Robespierre avec affection, moi pas du tout. » Lire aussi: Pour Michel Onfray, Emmanuel Macron pourrait être derrière son éviction du service public (VIDEO)
« Il est difficile, ces temps ci, de penser librement et encore plus de penser en athée. Affirmer que les idéaux de la philosophie des Lumières sont toujours d'actualité nous fait paradoxalement passer pour des réactionnaires, des islamophobes, voire des compagnons de route du Front National assimilé au fascisme. Dans un monde qui prétend en masse « Je suis Charlie », Voltaire revenu passerait pour un défenseur du fanatisme! C'est le monde à l'envers. Je me propose de réactiver la pensée des Lumières dans ce Penser l'Islam. Non pas le penser en faveur ou en défaveur, ça n'est pas le propos, mais en philosophe. Je lis le Coran, examine les hadiths et croise avec des biographies du Prophète pour montrer qu'il existe dans ce corpus matière au pire et au meilleur: le pire, ce que des minorités agissantes activent par la violence, le meilleur, ce que des majorités silencieuses pratiquent de manière privée. Comment la république doit-elle considérer ces deux façons d'être musulman? Y-a-t-il des relations et des points de passage entre minorités agissantes et majorités silencieuses, sachant que l'histoire est faite par les premières, pas par les secondes?
En 2002, Jean-Marie Le Pen était qualifié pour le second tour de la présidentielle. Plutôt que défiler «une pancarte à la main entre l'évêché et le patronat», le philosophe fait alors le choix d'éclairer les esprits. Treize ans plus tard, quand il entre en scène, en ce lundi de mars, le Front national affiche 25% au premier tour des élections départementales. Onfray, depuis des mois, pointe les vrais coupables: la gauche morale, l'élite «prolophobe». Mais, ici, pas de politicaillerie. Son cours consacré au spinoziste Robert Misrahi est rigoureux, même un brin austère. Une étudiante souffle à l'oreille du nouveau: «Il n'a rien d'un gourou…» Stature de colosse, voix profonde, poignée de main ferme, esprit ciselé, l'homme qui quitte son cours exerce pourtant une attraction puissante dont les médias raffolent. Il les intrigue et les déroute. Écrivain des villes chez Lipp ou sur les plateaux de télévision, mais philosophe des champs dans les forêts normandes. Apôtre de la joie de vivre, des plaisirs simples, mais mélancolique méditant sur la souffrance et la bêtise.
Ce livre remet également en relation ce qu'il est convenu d'appeler le terrorisme avec la politique étrangère islamophobe menée par la France derrière l'OTAN depuis des années. Nous nommons barbarie ce que nous ne voulons pas comprendre. L'islam terroriste a été partiellement créé par l'occident belliqueux. Les choses ne sont pas aussi simples que ce que, de part et d'autre, on voudrait nous faire croire. D'où la nécessité de se remettre à penser. Sur ce sujet comme sur d'autres. »
Sitemap | Garanka Le Mans, 2024